La construction paracyclonique

Depuis la nuit des temps l’Homme a toujours cherché à se protéger des intempéries. D’abord un trou ou une grotte, l’idée était de trouver un toit ou de se couper des éléments extérieurs. L’Homme a toujours cherché à contrôler les éléments de la nature. Il faut avouer que nous, les Hommes, sommes très impuissants.

La sagesse nous pousse à adopter la politique du roseau. C’est ainsi que nos anciens optaient pour une construction d’apparence sommaire qui permettait de se remettre debout après une catastrophe et rebâtir. Il faut reconnaître que les conditions économiques et sociales y jouent pour beaucoup. Selon nos anciens, aux Antilles, la vie est un éternel recommencement.

De nos jours, les « temps modernes », et quelque peu individualiste même si solidarité n’est pas un vain mot après une catastrophe, la tendance est de construire durablement. Au nom de la succession, nous cherchons à résister, adieu roseau. Il faut pouvoir vivre comme si de rien était même après un cyclone. Nous ne voulons plus « perdre de temps ».

C’est pour cela que nous faisons preuve d’ingéniosité dans l’art de bâtir sous notre latitude. C’est vrai, nous savons aujourd’hui construire paracyclonique. Soyons clair, la nature est toujours plus forte que nous. Alors restons modeste et protégeons nous, protégeons ceux qui nous sont chers, construisons dans les normes avec les professionnels du secteur.Une construction paracyclonique :

C’est une construction qui vous sauve la vie.Ce n’est jamais et en aucun cas anticyclonique. Ce n’est pas une construction qui résiste jusqu’au bout à n’importe quel cyclone. Une construction anticyclonique n’existe pas !Nous savons nous protéger, nous savons comment accompagner une construction durant sa vie y compris sous un cyclone. L’objectif est de limiter la casse et d’en sortir vivant pour que la société reprenne son cours normal.

Construire paracyclonique ne demande pas qu’une simple application des règles et normes en vigueurs. Un bonne construction parcyclonique demande déjà à la base une bonne conception. Vous comprenez bien que même si une maison a été bien calculée et si elle a été mal conçue (mauvais choix de toiture, mauvais emplacement, etc…), le risque d’une destruction est grand. C’est en effet là qu’il faudra mettre l’accent pour une meilleur application des normes. Et j’insiste, construisons dans les normes avec les professionnels du secteur.

Le choix du terrain

Il y a des pièges à éviter avant d’implanter une maison. Un fort pourcentage de la réussite de votre opération réside sur ce principe.


Voici quelques exemples :

Ne jamais construire en bordure de littoral. Vous n’êtes jamais à l’abri du risque de houle cyclonique.

La tempête Cindy (Martinique 1993) et l’ouragan Lenny (Guadeloupe 1999) ont révélé les problèmes liés à l’eau.

Ne jamais construire dans le lit d’un cours d’eau. Vous n’êtes jamais à l’abri du risque de crue durant et après un cyclone.

Ne jamais construire dans une ravine et éviter de construire entre de grandes pentes susceptibles d’acheminer de l’eau et de noyer votre emplacement. Consulter des professionnels.

Le vent

Éviter des sites trop exposés aux vents. Vous devez prendre des dispositions adéquates. Consulter des professionnels.

En référence aux cyclones qui ont occasionnés des dégâts liés aux vents, nous avons « Hugo » la nuit du 16 au 17 Septembre 1989 et le Cyclone 28 (12 septembre 1928) en Guadeloupe et « Luis » le 5 septembre 1995 à Saint-Martin et Saint-Barthélemy.

La terre

Ne jamais construire au dessus ou en contre-bas d’un talus instable. Vous n’êtes jamais à l’abri du risque de glissement de terrain à cause de la saturation du sol en eau.
Voici un exemple de ce qu’il faut faire. Consulter des professionnels.

Le cyclone « David » le 28 aout 1979 a occasionné des glissements de terrain.

Électricité / Incendie

Ne jamais construire sous des lignes de hautes tensions. En cas de cyclone, ces lignes cèdent. Il y a des risques d’électrocution et d’incendie.

Si votre situation est apparente à au moins une décrite défavorablement ci-avant, nous vous conseillons de regagner un abri sûr en cas d’alerte cyclonique. Et suivez les instructions des autorités par radio ou autre média.

Quelques principes de conception

Nous tacherons de développer trois grands axes principaux :

  1. La prise au vent
  2. Le contreventement
  3. L’ancrage au sol
    La prise au vent

Définition :

Tout corps dépassant une surface offre une prise au vent lors de l’effleurement de ce dernier sur cette surface.

La seule façon efficace de lutter contre l’effet « prise au vent » est de réduire considérablement sur la taille de tout ce qui dépasse. Vous imaginez bien, dans le cas où nous avons un débord de toiture important, le vent qui l’arrache de bas en haut avec comme conséquence l’arrachement entier de la toiture.
Dans nos régions cycloniques, un débord de toiture d’une trentaine de centimètre est largement suffisant. Au delà, nous courrons le risque de perdre le toit si des dispositions très techniques ne sont pas prises.Dans une partie des cas les pays tropicaux sont aussi cycloniques.
Sous nos latitudes, notre art de vivre dû à notre climat fait que nous apprécions les pièces ouvertes et les terrasses couvertes (Galerie aux Antilles, Varangue à La Réunion).

En termes d’effet prise au vent, ces parties de la construction sont très exposées. Il est vrai, qu’actuellement, la mise en œuvre a beaucoup progressé. Nous savons mieux utiliser les matériaux.

Dans l’exemple que voici, l’architecte a pris le partie de désolidariser la toiture de la galerie à celle de la partie habitable ; au cas où cette maison aurait à subir un ouragan violent, on prendrait le risque de perdre la galerie sans risquer de découvrir les occupants.La couvertureDans nos régions, l’emploi de la tôle ondulée traitée contre la corrosion comme couverture est monnaie courante. Le rapport qualité prix et les propriétés de ce matériaux sont très avantageux, si la mise en œuvre est correcte :

  • La tôle ondulée est fixées à l’aide de tire-fond et non par des clous. (Le clou n’offre aucune résistance à l’arrachement)
  • Le recouvrement d’une tôle sur l’autre est de deux ondes minimum
  • La fixation des tôles en rives (chaque extrémité du toit) se fait toutes les deux ondes et ailleurs toutes les trois ondes.

En terme de construction paracyclonique, c’est malheureusement à chaque passage de ces phénomènes météorologiques que nous affinons nos connaissances. Concernant la réglementation aux Antilles françaises, elle a beaucoup progressée depuis le passage du trop célèbre cyclone « Hugo ».La toiture

C’est un ensemble de plans rigides ou contreventés solidement liaisonnés.
Nous allons voir deux concepts courants.

1er cas:
La charpente bois avec un bon dimensionnement et une bonne mise en œuvre (bon choix du bois, bon encrage de la charpente à la structure, etc.) offre une bonne sécurité.
2ème cas:
La charpente bois industrielle encrée sur une dalle en béton armé qui forme un plan rigide offre également une bonne sécurité.
Cependant, dans certaines régions cycloniques, se trouvent des pays à risque sismique (ex: les Antilles). Cette solution n’est pas trop conseillée.

Les baiesNous entendons par baie, les ouvertures (portes et fenêtres).

Quelques soit le type de baie il faut impérativement la protégée par un système de volet paracyclonique. Si vous doutez de la qualité de vos volets, exigez à celui qui vous les a fournis un certificat prouvant l’homologation de ces derniers.

De trop grandes surfaces de baies sont à proscrire même protégées par des volets. Il faut savoir que pour un cyclone avec des vents soutenus faisant 250 km/h on mesure une pression sur les murs et les baies de 0,6 t/m² soit 600 kg/m².

Le contreventement

Définition :(Larousse)

Éléments de construction destiné à protéger celle-ci contre le renversement et les déformations dues à des efforts horizontaux.

Nous savons qu’un cyclone avec des vents soutenus faisant 250 km/h nous obtenons des pressions sur les édifices de 0,6 t/m² soit 600 kg/m².La nécessité du contreventement.

Grâce à cette petite démonstration avec une boite d’allumette, nous allons comprendre le mécanisme et la nécessité des contreventements.

Nous connaissons tous comment est constituée une telle boite. Dans notre expérience, nous la soumettons à un effort horizontal comme dans le cas d’un cyclone (ou d’un séisme), ici représenté par une flèche bleue.
– Dans le cas où l’effort est exercé sur la face qui a le grattoir. Notre boite se déforme parce que les faces latérales (vide) n’offrent aucune opposition au mouvement. La déformée est représentée par les pointillés oranges.
– Dans le cas où l’effort est exercé sur l’un des cotés vides. Nous ne constatons pas de déformation, parce que dans ce sens la boite est contreventée par ces faces où se situent les grattoirs. Un des contreventements est ici représenté par des pointillés violets.
 


Pour une maison

Pour une construction, les contreventements se traduirons par le même concept.
Pour une construction, les contreventements verticaux ne suffisent pas. Il faut aussi assurer des contreventements horizontaux à l’aide des planchers et des toitures. Tout le système des contreventements doit être soigneusement liaisonné.
Le contreventement d’un édifice ne se fait pas au hasard. C’est toute une étude propre à chaque réalisation, un savoir faire, une technicité que maîtrisent les vrais professionnels du bâtiment. Chaque acteur dans l’acte de construire à son rôle. Il est vital de ne contourner quiconque.Cas spécifiques (ex: Les Antilles)

Pour les constructions se trouvant dans des pays sismiques dans des régions cycloniques, nous constatons en général, qu’un bon contreventement pour des raisons parasismiques est excellent pour les réalisations paracycloniques.

L’ancrage au sol

Nous savons déjà que pour un vent de 250 km/h exerce sur le bâti une pression de 0,6 t/m². Cette pression tend à soulever la toiture ou la maison si son poids n’arrive pas à équilibrer cette force. L’ancrage est donc l’opération qui consiste à définir les effets de soulèvement dus au vent et son équilibrage par tous les moyens possibles.
Cette opération nécessite le concours d’un spécialiste.

Se confiner

N’attendez pas le déclenchement d’une pré-alerte pour bouger. Nous sommes exposés au risque cyclonique chaque année. Nous devons acquérir des réflexes bien avant la saison. Une saison cyclonique ça se prépare hors saison.

Faites faire un diagnostic et les travaux nécessaires pour une mise en conformité de votre bâti par des professionnels compétents avant une saison cyclonique.

En règle générale, en cas de pré-alerte cyclonique, nous devons nous préparer au confinement.
Dans la situation idéale, où nous avons une maison paracyclonique, il nous suffit uniquement de fermer nos grosse portes ou volet pour se confiner, sans oublier au préalable d’avoir fait le nécessaire concernant l’eau, la nourriture, etc. …

Mais ce n’est pas toujours le cas.
Alors, si vous êtes dans une maisons qui n’est pas paracyclonique nous vous conseillons de regagner un des abris mis à votre disposition après avoir tout de même fait un maximum de travaux au préalable pour mettre vos bien à l’abri.

Dans le cas où vous n’avez pas de volet et que l’imminence d’un cyclone vous guette.
Le contreplaqué est un matériaux extraordinaire. C’est la fabrication même de ce matériaux qui lui confère de grande résistance. En effet, le contreplaqué est composé de couche de bois en alternant le sens des fibres et cette caractéristique lui permet une meilleur répartition des efforts et donc une plus grande résistance. De plus ce matériaux est facile d’utilisation.

Pour protéger vos baies. Faites d’abord un cadre en bois avec des chevrons par exemple puis fixez le contreplaqué coté extérieur. Tous les éléments et la fixation de ce système au mur doivent être connectez par vis. Tous les éléments du cadre et des renforts doivent avoir une section rectangulaire, pour accroître leur résistance c’est toujours le plus petit coté qui doit être fixé au contreplaqué. C’est un principe similaire au contreventement. Si votre baie est plus étroite que haute, les renforts doivent être horizontaux. Si votre baie est plus large que haute, les renforts doivent être verticaux. Alors ils seront disposés dans la plus petite longueur. Plus il y a des renforts mieux votre panneau est résistant, ils doivent toujours être en une seule pièce.

Autant que possible, éviter de transmettre la pression des vents cycloniques à la baie en laissant un espace suffisant entre votre menuiserie et votre panneau à cause de la déformée de ce dernier.

Dans le cas où votre couverture comporte des défaillances après vérification.
Re-fixez la avec les matériaux adéquats. Et si c’est de la tôle ondulée, fixez la à l’aide de tires-fond à des points supplémentaires. Il est préférable de procéder à des réparations plutôt que de mettre des objets lourds sur les toits.

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